Des mots... d'émotions...!

Le rêve est comme le ciel, il appartient à ceux qui s'y laissent prendre

L’écriture automatique : Un jour…

Deuxième partie : l’expérience

Je le retrouvai chez lui, dans son salon, assis à sa table de travail, plongé dans un profond silence ; il me montra  un fauteuil où je m’assis aussitôt, adoptant dès lors son silence, pour toute la durée de l’expérience. J’avoue, à bien y réfléchir, ne pas savoir comment il m’indiqua ce siège sans même esquisser un geste, ni cligner d’un œil… Mais cela est une autre histoire… !

Placé sur son profil droit, je le vis positionné, la tête levée, d’une fierté absolue, les bras le long du corps, les mains posées à plat sur la table, le torse droit jusqu’au bassin, dans le prolongement de son crâne, adossé fermement à son siège spartiate, voire rudimentaire, le bassin quasiment enfoncé dans l’assise de la chaise, les jambes droites aussi, pliées aux genoux dans un angle droit parfait, et serrées l’une contre l’autre, comme soudées, les pieds, comme les mains, posés à plat sur le sol. Dans une position rappelant étonnamment une divinité égyptienne…
Je le regardai, ne bougeant ni lui ni moi. Après plusieurs minutes, ce silence et cette absence gestuelle installèrent en mon esprit une gêne que je sentis grandir, m’envahir.

Soudain, en une fraction de seconde, ce trouble se disloqua.
J’assistai alors à une étrange danse, quasi magique, un corps à corps artistique prodigieux de lui-même avec lui-même, comme si ses gestes se dédoublaient, se complétaient, s’assistaient. D’abord, ii gonfla fortement le poitrail, si fortement qu’il sembla près d’exploser, l’air inspiré dépassant largement le volume habituel de son torse, éclatant presque les boutons de sa chemise. Sa respiration se bloqua quelques secondes… Puis lentement, très lentement, son torse se vida, dans une expiration sans heurt, douce, calme, jusqu’au dernier centimètre cube. Sa respiration fut suspendue une seconde fois comme s’il… était mort… ! Puis elle reprit, il expira encore, comme vidant définitivement tout son corps. Son profil parut amaigri… Le dernier souffle ?
La même opération se reproduisit quatre fois, puis sa respiration reprit son régime normal…

Alors, en un geste vaporeux, éthéré, il attrapa, sans le regarder, un stylo sur son bureau, dans un étui solide de cuir noir, en forme de verre. Sans bouger son corps, il pencha la tête, poussa sur son écritoire une feuille de papier de la main gauche et, de la main droite, se mit à écrire machinalement, sans soubresauts, naturellement.
Un frisson chaud et froid me lança dans le dos, mêlée  d’épouvante, d’admiration, d’affolement et de stupéfaction. Je restais interdit tout le long de cette expérience…

Un ballet de mots, une troupe toute entière de phrases, un peuple de signes semblait encrer, ligne après ligne, dansant sur la feuille blanche. Arrivé au bas de la première page, toujours sans jeter le moindre regard à la feuille, il en prit une seconde, et le ballet recommença, guidé par un chorégraphe invisible, au son d’un orchestre muet, mieux, silencieux. De phrases en phrases, de paragraphes en paragraphes, il écrivit, bien malgré lui, plus de cinq pages. A la dernière, sa main s’accéléra, jusqu’à se précipiter, se rendant peut-être compte d’une imminence, d’un besoin de finir vite, peut-être son énergie se consumant plus rapidement que prévu (par qui ?), et ne serait bientôt plus suffisante pour terminer…

à suivre…

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