Collection : Réitérations
Volume 1 : IMAGE
Christian Lemoine
Les philosophes
Les philosophes, souvent,
Nous mentent par plaisir,
Cynisme, égarement,
– En tout cas, sans rougir ! -,
Capables d’asséner
Ou noble théorie,
Ou pire insanité
Que la Terre entendit…
Non pas qu’ils utilisent
Des termes orduriers,
Ou, même, qu’ils ne devisent
Qu’en langage peu châtié :
Leur langue est bien choisie
Et si, parfois, absconse,
On porte fort crédit
Au sens de leur réponse…
Les philosophes, souvent,
Nous guident de leurs phares
Pour nous perdre d’autant,
Car Tout est de Hasard…
Et s’ils le savent bien,
Ils n’en font pas état,
Sans doute le Destin
N’y résisterait pas !
Je ne vous dirais pas
Du mal de tel ou tel,
– Je n’ai pas d’embarras
Mais ne suis point cruel ! -,
Je constate en substance,
– C’est, là, obligation ! – :
Ils jettent la semence
Quand nous guettons moisson…
Les philosophes, souvent,
Se font nos ennemis,
Tout en nous affirmant
Quid, nos règles de vie…
Car de toute évidence,
Suivant leurs analyses,
Ils auraient en conscience,
Sur tout, parfaite maîtrise…
Et nous, pauvres humains,
Qui marchons en aveugles,
Pauvre troupeau terrien
Qui se lamente et beugle,
Sans débat, sans combat,
Au son de leurs flûtiaux,
Suit d’un même et seul pas,
Leur musique, leur crédo…
Les philosophes, souvent,
Nous épargnent des heures
De maux et de tourments,
De heurts et de malheurs,
A mesurer, ardue,
La profondeur des choses :
Leur pertinence aiguë
Classant effets et causes…
De la même manière
Que nos politiciens
Protègent nos arrières
D’espoirs aimés et craints,
Parfois cette confiance
Que nous savons porter
A leur intelligence
En font des chefs, des vrais…
Les philosophes, alors,
Nous dictent une conduite,
Devant changer nos sorts
Si nous y donnons suite…
Ainsi, ils nous préviennent
Que nombre d’illusions
Ne mènent qu’aux arènes
Les martyrs et les lions…
Ne voulant pas finir
Dans la gueule, sous la dent
De fauves au désir
De chair fraîche et de sang,
Prenons, unis, la voie
Des penseurs insoumis,
Ecoutons toute voix,
Mais gardons à l’esprit :
Se targuant de l’aloi
De leurs mots dits, écrits,
Les philosophes, parfois,
Ne trompent que notre ennui… !
Paris, le 06 Septembre 2012.